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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 14:49

Quelques photos des Jardins de Magali aujourd'hui.














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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 15:46

Après avoir dégagé la partie jardin, nous nous attaquâmes aux grottes. Elles étaient encombrées de mille déchets accumulés depuis près de cinquante ans : paille, gravats, caisses, vieux engins agricoles, machines abandonnées, le tout recouvert de fientes et de poussières. Le sol consistait en une énorme dalle de béton et de galets de la Durance coulée en 1920 avec de chaque côté des rigoles qui servaient à évacuer le jus de macération des cerises. L’endroit, rappelons-le , était connu à Lauris comme « l’usine à cerises » : se préparaient les fruits avant d’être expédiés sur Apt pour y être confits. Devant l’utilisation de machines à dénoyauter vers les années 50, l’usine fut abandonnée et passa entre les mains de différents propriétaires qui ajoutèrent leur couche de détritus.

 

 

 

La dalle semblait encore en excellent état et il nous fut conseillé de la couvrir d’un carrelage «  pour faire plus propre ! ». Or ayant déjà découvert un four à potier et un pressoir, la question ne se posait plus et la curiosité devint la plus forte : il fallait faire sauter la dalle pour savoir ce qui se cachait dessous. Ce ne fut pas une mince entreprise même avec un tracto-pelle. Les anciens faisaient du solide ! Enfin dans un craquement effrayant, sous les coups de butoir de l’engin, elle céda et cassa comme du verre. On enleva plus d’un mètre de sédimentation historique, entassement de terre, de pierres et d’objets hétéroclites jetés en vrac pour combler.
Un fait était intriguant : l’humidité de la grotte inférieure était importante et les parois étaient recouvertes de mousse verdâtre. Il y avait ainsi une quantité d’eau qui imprégnait le rocher. D’où venait-elle ? Et comment l’évacuer et la canaliser ?

 

 

 

 


Plan général du système d'eau dans la grotte : mines d'eau, canalisation.

 

La solution s’offrit d’elle-même car elle était enfouie sous la dalle. En effet nous parvînmes au niveau du rocher qui était celui de l’ère paléolithique et aussi celui de l’époque romaine. La découverte du four entièrement taillé dans la roche et du pressoir indiquait qu’il y avait à cet endroit une ferme. Elle avait besoin d’eau pour l’irrigation et pour un usage personnel des habitants de la ferme. Pourrait-elle venir de la grotte ?

 

En arrivant au niveau du rocher, tout un système d’eau apparut à nos yeux étonnés. Se dessinaient nettement  des canaux, et des prises d’eau dans le rocher : nous avions mis à jour de véritables mines d’eau telles qu’elles avaient été conçues à l’époque gallo-romaine. 

 

 

Canalisation taillée dans le rocher (ce qui préserva le système).

 

 

 

Mines d'eau : fosse taillée dans le rocher pour récupérer les suintements du rocher. 

 
D’abord une explication géologique : le luberon est fait d’une roche tendre et poreuse appelée safre. Toute la base sert ainsi d’énorme réservoir aux eaux d’infiltration et de pluie du nord qui par capillarité se déplacent du nord vers le sud. Lauris est situé au sud et au pied du luberon, à hauteur de la fascinante éponge qu’est cette montagne. Les Romains connaissaient le principe du suintement dû à la condensation de l’humidité en fines gouttes d’eau qui glissaient le long des parois. Phénomène que l’on retrouve dans les grottes, cavités des montagnes. Il s’agissait alors de capter ces gouttes, de les canaliser et de les stocker dans un bassin pour pouvoir l’utiliser. C’est ce qui apparut sous nos pieds : des fosses creusées dans le rocher pour intensifier l’accumulation de l’humidité, tracé des rigoles au pied des parois pour récolter le suintement, percée des trous pour extraire cette abondante humidité. Un total de sept mines d’eau qui recueillent un grande quantité d’eau : environ 2 mètres cubes par heure – soit 2 000 litres. Facile à calculer par la dimension du bassin de rétention : six mètres par cinq mètres sur plus d’un mètre de profondeur. Il se remplit en 15 heures environ !

 

 

Bassin de 32m² coupé au 16ème siècle par le lavoir des pestiférés.

 

Ce bassin se retrouve mais en plus grand dans les vestiges du Glanum : taillé dans le rocher avec des marche qui permettent d’y accéder. Nous retrouvons le même concept dans ce bassin des « Jardins de Magali ». A coups de cuillers, de truelles, une équipe familiale dégagea les canalisations du sable, de la glaise, de la terre et des pierres qui les encombraient. Leur profondeur pouvait atteindre près de 70 cm, ce qui indiquait que à l’époque romaine, les suintements étaient beaucoup plus importants et la profondeur des canalisations montre que dix fois plus d’eau pouvait y couler. De plus plusieurs canalisations moins profondes ( 30 centimètres) toutes en arrêtes de poisson donnant directement sur la canalisation principale, étaient la preuve qu’elles aussi apportaient de l’eau au système. Elles sont à présent archi-sèches. D’où moins d’humidité dans le rocher. Cela s’explique par le fait que le Luberon est truffé de forages qui absorbent une grande quantité de l’humidité naturelle et au nord les cours d’eau ont été détournés par le canal de Provence et par divers barrages.

 

A l’intérieur de la grotte se trouvait l’emplacement d’un pressoir, peut-être celui retrouvé enterré dans la cour dont nous avons parlé. Les dimensions correspondent. Lorsque la presse se faisait, l’huile coulait dans un canal de décantation alimenté par le système d’eau à l’aide de petites trappes qui faisaient monter l’eau puis une fois l’huile écopée, les eaux usées étaient évacuées par un ingénieux système. Les eaux usées passaient par un aqueduc au-dessus de l’eau propre pour se déverser directement dans les champs. Deux systèmes se superposaient : eau potable et eaux usées.

 

 

Ensemble du réseau mis sous verre. Au fond, emplacement du pressoir.  


Enfin la citerne , environ 1m 50 de diamétre et profonde d’un mètre cinquante qui était constamment alimenté d’eau fraîche par le canal principal et une pente raide remplissant la citerne avant le grand bassin. Le paysan pouvait puiser l’eau qu’il voulait : elle était toujours abondante, fraîche ( 12 degrés) et limpide.

 

Après des siècles d’abandon et d’accumulation de détritus de toutes sortes ( 1m60 ) , dés qu’il fut nettoyé, le système se remit à fonctionner, sans pompe, sans électricité, sans moyens mécaniques : juste un phénomène naturel que les Romains surent si bien exploiter !

 

 

Evacuation de l'eau par le bassin aux poissons (débit 2m² par heure).  

 

 

Grande question : l’eau est-elle potable ? Il y a cent ans j’aurais dit oui sans hésitation. Elle a été bue tant que le système marchait. Mais la société dans laquelle nous vivons – entière création de l’homme qui a engendré lois, règlements, organismes vérificateurs, contrôles à l’infini – nous interdit de consommer cette eau sans mille agréments d’organismes officiels. On pourrait mourir à présent de soif à côté du système ! 

 

 

Quand j’étais enfant en vacances dans le Jura , les copains et moi buvions aux ruisseaux qui sautillaient de la montagne. Pourrions-nous encore le faire de nos jours ? C’est le problème que nous laissons à nos enfants !!


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7 juin 2006 3 07 /06 /juin /2006 16:17

Pressentant , après la découverte du four à potier que d’autres vestiges étaient enterrés dans le terrain récemment acquis et aidés par des maçons, nous creusâmes près du portail un puits pour étudier les diverses couches de dépôts. Un dimanche en descendant dans le trou, mon pied buta une pierre. En l’observant de près, je constatai qu’elle était taillée. Le lendemain, avec l’aide d’un tracto-pelle,  apparurent seize pierres qui reconstituèrent un pressoir. Il en manquait deux pour le compléter. Les fouilles furent extensives mais ne donnèrent rien : elles avaient dû être cassées pour être utilisées comme matériau de construction. La pierre blanche et froide qui supportait l’axe avait été taillée en deux avec un quart manquant. Elle servit pour le centre du grand mur comme soleil. Le travail sur le mur d’inspiration inca viendra plus tard. 

 

 

 

 

Sous les blocs fut retrouvée une agrafe métallique qui expliqua le mécanisme de ce pressoir. Comme aucune trace de lien ( chaux ) n’apparaissait sur le champ des pierres, la conclusion était de penser que ces blocs accolés l’un contre l’autre pouvaient être démontés et éventuellement transportés pour être remontés ailleurs. Rien ne montrait une fixation permanente. Nous avions peut-être affaire à un pressoir démontable, genre kit romain pour servir dans un autre endroit. 

 

 

Lorsque le pressoir était sur le point d’être utilisé, les agrafes étaient fixées dans les encoches au moyen de coins en bois et de cuir qui attachait les agrafes. L’ensemble était arrosé d’eau : le cuir se tendait, le bois gonflait. Sous la pression, le pourtour devenait étanche et le travail pouvait commencer.

 

 

Le pressoir, étant enterré en VRAC à cinq mètres sous le niveau 1998, donc à un niveau qui correspondait à celui du début de l’existence du village ( Xe siècle) , il faut conclure que le pressoir fut démonté définitivement à cette époque puis oublié. La route qui longe le terrain a subi de profondes modifications au cours des siècles : un sentier était devenu chemin et à chaque empierrement,  le côté de la route vers la falaise devait être comblé pour permettre la sortie des véhicules et des personnes de la propriété. L’autre coté, face à la rivière se trouva de plus en plus en contrebas. En 1998, la dénivellation entre les deux bords de la route était de plus de six mètres. Impossible de retrouver le pressoir enterré, sinon de creuser.

 

De ce pressoir, a été montée une fontaine qui agrémente le jardin et permet de le voir dans son ensemble. Mais un calcul basé sur ses dimensions indique qu’il aurait pu être placé à l’intérieur de la grotte, au fond, à l’endroit où se trouvait l’arbre principal. Une entaille profonde dans le rocher montre l’emplacement de l’arbre.

 

Enfin ce pressoir devait servir à écraser les olives et l’huile était récupérée par un système de bassin de décantation dont nous reparlerons plus tard avec les mines d’eau.

 

 

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2 mars 2006 4 02 /03 /mars /2006 00:00

Terrain avant la découverte du four.
Au fond, mur taillé dans le rocher de l'ancienne maison, cadastre 1565.

Le four est juste en dessous de l'endroit où se trouve la cheminée.

Après avoir nettoyé et vidé le four des gravats qui avaient servi à le combler puis avoir dégagé l’ouverture du mur, le FOUR apparut dans toute son originalité. Il était entièrement taillé dans le rocher. Sa forme supérieure tournée vers le haut était conique et la partie basse consistait en une boule avec sur la sole, deux bourrelets qui semblaient servir à y poser une grille. Voir photos et schéma avec les dimensions.

 

Deux questions essentielles se posaient :
1. De quelle époque datait-il ? FOUR ROMAIN ou plus tard ?
2. A quoi servait-il ? POTERIE ou PAIN ?

 Ouverture du four taillé dans le rocher.
A droite, pilier de soutien pour la voûte de la cave. 
Le pilier a été construit au 13-14ème siècle.


EPOQUE :
Un détail alerta immédiatement : le four avait été comblé puis les ouvertures murées.  Contre le mur qui bouchait la gueule du four, s’appuyaient deux piliers qui servaient à soutenir une voûte. D’après le cadastre de 1565, la vieille maison était répertoriée comme étant la dernière du quartier du Carrelet. Cette ferme avait été construite en utilisant le rocher comme base d’appui et en particulier la pointe où avait été taillé le four. Tout indiquait que ceux qui avaient élevé les murs et posé le plancher sur la voûte du rez-de-chaussée ignoraient qu’il y avait un four dans le rocher. Si l’on présume que la maison avait vu le jour au siècle précédent, le four avait été comblé au début du Moyen Age. Cela pourrait coïncider avec la décision du XIe siècle de mettre fin aux activités des fours privés de façon à obliger les paysans à utiliser le communal, propriété du seigneur. Dans les gravats retirés du four, des pierres, des vestiges de poterie avaient  été retrouvées, d’une époque incertaine mais certainement début Moyen Age.

 

Cette période partant du Ve siècle après JC jusqu’à la fondation de Lauris vers le début du Xe siècle est très mal connue. Aucunes archives ne pourraient confirmer ce qu’était la vie pendant ces siècles.

 

La seule conclusion à tirer de cette découverte est  que le four avait été taillé bien avant, à l’époque gallo-romaine. Son état de préservation extraordinaire est dû au fait qu’il a été entièrement creusé dans le rocher puis une fois muré, il a été ignoré donc protégé jusqu’en 1996 .

 

Il a bien été utilisé puisque les bords de la gueule ont pris une couleur rouge de pierre brûlée à de hautes températures . 

 

Seule une expertise plus poussée pourrait confirmer la date. Avis aux archéologues !

 

 

UTILITE :
A première vue, les dimensions et la coupe du four indiquent que ce n’était pas un four à pain : trop volumineux et coupé dans le sens de la hauteur par une plateforme.

 

Des recherches poussées grâce à Internet et à la lecture de livres sur la vie quotidienne chez les Gallo-Romains semblent nous faire pencher pour un FOUR DE POTIER GALLO-ROMAIN.

 

Les poteries étaient délicatement empilées sur la sole, cette couronne suspendue au-dessus du foyer. Le feu était mis au bois et il prenait d’autant plus facilement que la gueule est tournée face au mistral. Connu depuis l’ère préhistorique ce soufflet naturel permettait d’accélérer la prise du feu.
La porte était bouchée puis la cheminée fermée d’un dôme de terre. La température intérieure pouvait monter jusqu’à mille degrés. Le four restait dans cet état pendant quelques 36 heures. Le défournement commençait après l’ouverture progressive de la cheminée et de la porte.

 Sommet de la cheminée vue de la chambre de la résidence d'artistes.
On remarque une plate-forme qui devait servir à poser les poteries.

De nombreux fours de potier de ce modèle ont été retrouvés en Europe et leur appareillage en pierres indiquerait que celui des Jardins de Magali daterait  des Ier et  IIe siècles après JC.

 

La suite des fouilles révélera l’emplacement d’une ferme qui pourrait dater elle aussi de l’époque où Lauris a été colonisé par les Romains.

 

A suivre…  

 

Coupe d'un four à potier de l'époque gallo-romaine: c'est la coupe exacte de celui retrouvé dans les Jardins de Magali ( Documents Wikipedia) Mosaique romaine représentant un four à potier: foyer en bas, sole ( plateforme ) pour mettre les poteries à cuire.
Coupe d'un four à potier de l'époque gallo-romaine: c'est la coupe exacte de celui retrouvé dans les Jardins de Magali ( Documents Wikipedia) Mosaique romaine représentant un four à potier: foyer en bas, sole ( plateforme ) pour mettre les poteries à cuire.

Coupe d'un four à potier de l'époque gallo-romaine: c'est la coupe exacte de celui retrouvé dans les Jardins de Magali ( Documents Wikipedia) Mosaique romaine représentant un four à potier: foyer en bas, sole ( plateforme ) pour mettre les poteries à cuire.

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 17:34

Après acquisition du terrain en 1992, le nouveau propriétaire eut tout loisir de l’explorer et d’imaginer ce qu’il pourrait en faire. L’état du jardin faisait penser à l’apocalypse d’un tsunami sur lequel la nature aurait repris ses droits. Sur toute son étendue, une épaisse couche de déchets rendait l’accès aux grottes difficile. Mais la situation n’était pas désespérée car elle aurait pu être pire si l’acquéreur avait été le ferrailleur qui en même temps que l’inventeur des jardins de Magali cherchait à l’acheter. Alors, à l’heure présente, il n’y aurait qu’entassement de carcasses, rangées de portières, enchevêtrement de châssis rouillés et empilement de moteurs désossés. Une véritable œuvre d’art contemporain à la «  Arman » que les visiteurs ébahis auraient pu contempler.

Ce fut un peu la vision première que l’acheteur eut en pénétrant dans la « Jungle ». Vestiges d’un temple d’Angkor avalé par une végétation sauvage tellement l’accumulation de détritus était infranchissable. Le monde moderne dans sa version la plus immonde que le propriétaire aurait pu intituler le « Poubellisme », tendance actuelle de l’art contemporain.

 

Mais rien ne servait de se lamenter, il fallait nettoyer le dépotoir qu’était devenu ce terrain d’autant plus vite que les gens de Lauris continuaient à jeter par dessus la falaise, leurs sacs d’ordures et tout ce dont ils voulaient se débarrasser : cadres de vélos, vieux postes de télévision, gravats en tous genres sans oublier des sacs et portefeuilles volés. Un matin le propriétaire dut appeler la gendarmerie comme il avait retrouvé six sacs à mains vidés de leur argent mais qui avaient encore des papiers d’identité !

A bras le corps, avec l’aide de deux maçons, le nettoyage commença : huit camions furent nécessaires pour évacuer la première couche. On y voyait plus clair. La deuxième tâche fut d’ôter la terre qui s’était effondrée de chez le voisin et consolider le mur mitoyen. Puis d’attaquer un autre monticule de déchets qui s’élevait à plus de huit mètres par lequel les jeunes accédaient au terrain pour boire ou se droguer.

Ce fut la première révélation : en creusant furent découvertes les ruines de la vieille maison mentionnée sur le cadastre de 1565 dans le quartier des Carrelets. Murs abattus, voûtes écroulées, portes et fenêtres enfoncées, tout n’était que tas de pierres. Minutieusement, elles furent recueillies et entassées dans un coin : des dizaines de mètres cubes qui serviraient à dessiner un nouveau jardin. Une grande partie de ces pierres furent utilisées pour construire le grand mur d’inspiration inca à l'entrée des jardins. 

Cette trouvaille nous encouragea à chercher dans le sol des vestiges de la ferme qui avait dû être à cet endroit.

Et ce fut la découverte du four : après avoir enlevé toutes les pierres et retrouvé le niveau initial  du terrain – quelque trente camions sortis- se dessinèrent nettement les fondations de la maison dont une partie était intégrée dans le rocher avec une grotte. C’est le schéma de toutes les maisons côté falaise du bas de l’avenue Philippe de Girard. Les grottes servirent d’abris sous la préhistoire puis les entrées furent bouchées par des parois et les habitations devinrent troglodytes. Au début du Moyen Age se construisirent, devant les cavités, des maisons à trois niveaux. Les grottes des « Jardins de Magali » ne furent pourtant jamais utilisées comme habitations mais comme remises, ateliers ou granges. 

En balayant une plateforme rocheuse, nettoyée lors des fouilles, apparut comme une encoche dans le rocher. De la main, à l’aide d’un morceau de bois, le propriétaire gratta et s’aperçut que l’entaille avait une forme arrondie, indication que l’homme avait creusé. Très vite, le haut fut dégagé : un cercle parfait se distinguait comblé par des détritus de toutes sortes. En plusieurs jours de travail acharné, au marteau-piqueur et au burin, la cavité fut vidée et le four apparut dans toute sa splendeur. L’ouverture était murée. Elle fut percée et le propriétaire se retrouva  au niveau du sol, un mètre cinquante donc au-dessus du sol au moment où le four avait été taillé dans le rocher. De la marge pour fouiller ce qui fut fait sur tout le terrain pour descendre jusqu’au rocher, certainement le niveau original du temps des Romains ou des hommes préhistoriques. L’avenue Philippe de Girard à la hauteur des Jardins de Magali a été rehaussée de près de six mètres au cours des siècles. Seul le côté falaise a été comblé au fur et à mesure pour suivre l’évolution de la chaussée et ainsi permettre aux véhicules de pénétrer sur le terrain. De l’autre bord, le dénivellement est visible.

Pour arriver au rocher, il fallut creuser le sol de presque six mètres : un dimanche matin en grattant du pied, le propriétaire aperçut l’angle d’un linteau taillé….. à suivre


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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 10:42

Parler de son jardin, c’est ouvrir les portes de sa vie intime, cachée. C’est partager avec autrui un pan de son histoire personnelle, c’est faire un bout de chemin ensemble. Pourtant nous tous rêvons de découvrir un coin sublime dans lequel règneraient paix et sérénité où à l’ombre d’un gigantesque platane, l’on pourrait se plonger dans un captivant roman en écoutant oiseaux et murmures de fontaines. N’est-ce pas l’image du paradis retrouvé, de l’éden biblique, de l’île exotique dont parlent si bien les grands voyageurs. Alors que dire de ce merveilleux endroit lorsque, au grand hasard de la vie, l’homme tombe sur un tel lieu. Pour mieux connaître les méandres qui ont conduit cet heureux personnage vers cet endroit magique suivez le guide !

 

En une suite de récits, de photos et de commentaires, je vais vous expliquer  ce que fut « l’invention » des jardins de Magali.

 

Découverte : usine à cerises.

 

Rien, au premier abord, ne signalait l’existence d’un joyau au pied de cette falaise à Lauris, Vaucluse. Le village n’a aucune caractéristique digne d’attirer l’attention du touriste. Ce dernier empruntera bien la voie rapide ou traversera  le village pour se précipiter vers Lourmarin, bourgade voisine connue pour la silhouette de ses églises et son château Renaissance. Il jettera, de la déviation, un œil rapide sur le contour échancré des maisons en haut de la falaise et pensera à ces décors hollywoodiens qui représentent le cadre d’un village du Moyen-Age. Il aura raison puisque Lauris a ses racines profondément ancrées dans la nuit des temps. Cette histoire pourra être lue dans une autre rubrique.

 

Revenons aux Jardins de Magali.

 

Sur une étendue d’environ mille mètres carrés, existait une usine à cerises, construite dans les années 1920, pour traiter les fruits avant de les expédier à Apt pour être confits. La vallée était recouverte à l’époque d’immenses vergers cultivés avec soin et qui permettaient aux agriculteurs de recevoir un supplément de revenus pour compléter la culture des asperges, artichauts et autres légumes. La Durance qui coule au pied du village, par son limon, fournissait richesse au pays.

 

Alors au printemps, c’était la cueillette et dans leurs paniers les femmes apportaient les cerises à l’usine de traitement. Des cuves en béton, remplies d'une macération à base d’acide chlorhydrique , attendaient les fruits. Le but était de les blanchir et de les attendrir de façon à retirer facilement les noyaux. C’est ce que faisaient les femmes qui revenaient les chercher pour les dénoyauter à la maison. Puis une nouvelle trempe dans un liquide soufré et les cerises partaient vers Apt.

 

Cette activité connut sa fin vers 1945 et l’usine fut abandonnée. Pendant des décennies, elle passa entre les mains de plusieurs propriétaires dont le dernier vivait à Marseille. Il venait de temps en autre avec sa famille dans ce qu’il appelait sa « jungle » puisque une dense végétation avait élu domicile sur les vestiges de l’usine. Rien ne pouvait se voir de la route principale puisqu’un mur dissimulait le terrain. L’entrée consistait en un portail délabré qui tenait avec du fil de fer. Derrière, monticules de terre coiffés d’arbustes, micocouliers et figuiers, et tas de gravats donnaient un aspect d’abandon. Un trou creusé au milieu du terrain servait de toilettes.

 

 

Au milieu de la jungle.  

 

 

Derrière le mur, la jungle.

 

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