La fin du tourisme (de masse)?
Sommes-nous conscients de l’effet du
tourisme sur les populations locales? Qui bénéficie des revenus du tourisme? Osons-nous calculer notre empreinte carbone? Quelles sont nos motivations primaires lorsque nous réservons un
voyage? Qui aura le droit de visiter les îles Galapagos ou descendre au fond du Grand Canyon? Combien de visiteurs peut accueillir l’Île de Pâques? Ou combien de visiteurs supportera le
Parthénon dans dix ans? L’Antarctique est-elle une destination touristique pour tous ou faut-il que nous la réservions pour les seuls scientifiques? Faut-il en finir avec les voyages “all-in”?
Des questions pas seulement théoriques, mais d’une réalité urgente, comme le témoigne André Girod dans son ouvrage récent sur le tourisme de masse.
De quoi s’agit-il?
Le tourisme de masse et le développement des transports aériens permettent aux voyageurs occidentaux de se retrouver en quelques heures à des milliers de kilomètres de chez eux. Sur une plage ensoleillée d’Afrique ou d’Asie, devant des paysages à couper le souffle, ou dans un village d’Amérique latine dont la population possède des mœurs « tellement typiques ». Au fait, s’agit-il vraiment de tourisme… ou plutôt d’une forme de consommation qui, de surcroît, serait nuisible aux communautés autochtones ?
Un expert à la parole…
André Girod a suivi de près l’éclosion et l’évolution du tourisme de masse. Il constate son impact sur les sites renommés, les cultures et la société en général. Il observe les touristes, les férus de découvertes culturelles comme les bronzés en mal d’exotisme. Il dénonce les plans de réduction des gaz à effets de serre préconisés par les ténors de l’écologie au détriment des touristes moins fortunés. Il replace les responsabilités de chacun et identifie les marges de manœuvre.
Les dégâts et dérives du tourisme de masse
L’auteur dénonce les excès et les méfaits du tourisme de masse. Les dérives abordées dans sa publication sont principalementl’épuisement des ressources primaires dans certaines régions : eau surtout, nourriture qui oblige les autorités à importer pour alimenter les touriste, disparition du littoral au profit de la construction immobilière, disparition de la végétation pour faire place aux constructions, pollution de l’air par l’apport massif de véhicules , autocars.
Tout y passe
Le livre comprend non moins de 24 chapitres: on apprend tout sur la naissance du tourisme (en général et de masse), on découvre ce qu’est un “touriste imbécile”, le rôle du trafic aérien pour le tourisme nous est dévoilé, l’importance du tourisme pour l’économie est expliquée. Nous pouvons prendre position dans le combat entre “Alarmists » et « Skeptics” et apprendre à devenir responsables dans les chapitres dédiés à l’empreinte carbone (voir notamment le chapitre “Touche pas à mon CO”
Un livre pour qui, sinon pour nous tous!
Le livre s’adresse à divers publics: au grand public et aux professionnels du tourisme, ainsi qu’aux décideurs politiques. D’abord pour indiquer que le tourisme qui était passé de masse risque de redevenir un tourisme de luxe et d’élite tellement les règlements mis en place dans certains pays pour certains lieux sont de plus en draconiens : quotas, prix en hausse pour enrayer le flot des visiteurs, construction à présent d’hôtels haut de gamme qui seront réservés à une classe aisée.
Un livre pour les professionnels aussi qui croient que (selon l’auteur) “le tourisme est une poule aux œufs d’or ou une vache que l’on peut traire à gogo”. Il critique vertement les émissions de télévision qui vantent la beauté de certains lieux et qui déclenchent chez les tours opérateurs une organisation d’expéditions “sur les pas de …” et transforment ces lieux mystérieux et très peu connus en luna-parks.
Solutions
Comment tuer le tourisme de masse ? « Oussama Ben Laden, Eyjafjallajökull : Héros des écolos ?” Laisser faire la nature ou trouver des solutions plus responsables? L’auteur nous défie quand il écrit: “Il devrait être, aux yeux des écologistes, un héros, celui qui a fait mettre à genoux les transports aériens et donner un coup de matraque sur le tourisme de masse. Cet homme, ce géant de la communication qui a fait plus que toutes les notoriétés écologistes ensemble, c’est Oussama Ben Laden. Par son raid contre les Twin Towers il a peut-être aidé à sauver la planète.” Macabre penséee…
Quoi qu’il en soit, l’auteur reste sceptique face aux discours alarmistes de personnalités politiques et stars du show-biz (chapitre: “Non à Al Gore”). Le livre s’achève avec une note optimiste: “la terre est si noble, si belle, qu’elle ne peut être le privilège d’une poignée d’êtres humains. Alors ne vous en privez pas!” Moi, je ne suis pas si sûr…Dites-moi ce que vous en pensez.
Le livre d’André Girod est disponible dans la bibliothèque du Parlement européen.
Pour approfondir:
Lire l’interview avec l’auteur dans Journal du tourisme durable
Tourism concern: action for ethical tourism
Water Equity in tourism (EP library blog)
EP Library summary: All-inclusive holidays? No, thanks! (EP internal link)